La vie et l'œuvre de Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer (1870-1939)

La vie du Tsadik

Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer naquit en Irak, en l'an 5630 (1870) et fut l'un des grands poskim et mekoubalim de son temps, sage éminent de la Torah et de la halakha séfarade et universelle, auteur du monumental Kaf Ha'Haïm, étudié aujourd'hui encore dans la plupart des yéchivot. Sa piété était légendaire : il ne prononçait jamais de paroles futiles, ni à la synagogue, ni pendant les repas. Par souci de respect pour la sainteté des lieux, il quittait toujours l'office pendant "Aleinou Lechabéa'h" (prière finale) afin d'éviter toute conversation profane susceptible de retarder la rédemption ou de causer de la peine à la Présence Divine.

Sa vie fut marquée par des événements miraculeux. En 1927, lors d'un tremblement de terre à Jérusalem, alors qu'il étudiait dans la galerie de la synagogue "Chochanim LeDavid", tout le mur donnant sur la rue s'effondra, mais l'endroit où il était assis resta intact et il en sorti complètement indemne.

Le 9 Sivan prochain, nous célèbrerons la Hiloula de ce grand tsadik , enterrée au cimetière du Mont des Oliviers à Jérusalem, et à cette occasion, Tsidkat Eliaou revient sur son riche parcours et ses précieux enseignements.

Pilier du judaïsme irakien

Né à Bagdad, alors capitale de l'Irak ottoman, Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer était le fils du Rav Yits'hak Baroukh (famille Moussa) et de la Rabbanit Esther, née Badhouba. Dès son plus jeune âge, son père l'initia à l'étude de la Torah et à l'art de l'écriture des Sifrei Torah, Tefillin et Mezouzot. C'est à ce métier, sofer sta”m , qu'il doit son nom de famille « Sofer », qu'il choisit après son arrivée en Erets Israël.

Durant sa jeunesse à Bagdad, Rabbi Yaacov 'Haïm étudia notamment à la célèbre Yechiva Beit Zil'ha sous la direction du Gaon Rav Avraham Ovadia Yossef dit Rav Abdallah Some'h z'l. Ce maître éminent, auteur des ouvrages "'Hazon LaMoed", "Ziv'hei Tsedek" et "Kibboutz Hakhamim", était l'autorité halakhique reconnue pour les communautés juives d'Irak, de Perse, du Kurdistan, d'Inde, de Singapour et des régions environnantes.

Rabbi Yaacov 'Haïm bénéficia également par la suite de l'enseignement du Rav Elicha Dangour et celui du Ben Ich 'Haï, Rav Yossef 'Haïm z”l , qui l'influença profondément et le forma tant en Torah qu'en Kabbale, et lui conféra la semi'ha de moré hora'a .

Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer à Jérusalem

Le Tsadik arrive à Jérusalem en 1904

Avant son départ pour la Terre d'Israël, Rabbi Yaacov 'Haïm épousa Pre'ha de la famille Dahouba, avec qui il eut quatre fils et une fille. Il fit son alya en avril 1904, accompagné de ses collègues Rabbi Tsedaka Houtzin (en l'honneur duquel fut nommé la synagogue "Chemech Tsedaka" dans la rue 'Hagai à Jérusalem) et Rabbi Ye'hezkiel Ezra Ra'hamim, auteur du livre "Atzei HaYa'ar" (décédé le jour de Roch Hodech Adar 5668).

À Jérusalem, il s'installe entre les quartiers de Beit Israël et des Bou'harim. Il a poursuivit ses études à la yéchiva "Chochanim LeDavid", fondée par le Gaon Rabbi David Ben Meir Sliman Maatouk z'l, ainsi qu'à la yéchiva des kabbalistes "Beit El" et "Re'hovot HaNahar" à Jérusalem.

Ses prières étaient particulièrement longues, car il priait selon les kavanot (intentions mystiques) du Rachach, Rabbi Chalom Charabi . Le "Sidour HaRachach" (ou "Nahar Chalom") est un commentaire détaillé sur les prières contenant ses kavanot et systèmes de méditation basés sur les enseignements kabbalistiques.

L'œuvre de Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer

Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer a écrit de nombreux livres de Torah. Son œuvre maîtresse, Kaf Ha'Haïm , fut réalisée à Jérusalem sur près de quarante ans. Ce commentaire monumental du Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm et Yoré Déa) est aujourd'hui une référence incontournable dans la halakha tant séfarade que ashkénaze. Le Kaf Ha'Haïm se distingue par la richesse de ses sources, la présentation des divergences d'opinions et l'intégration profonde des enseignements kabbalistiques, en particulier ceux de l'Ari zal et du Rachach, suivant la voie de son maître le Ben Ich 'Haï.

Le Kaf HaHaïm a reçu une approbation divine exceptionnelle. Dans son Kountrass Ha'Halomot (Recueil des Rêves), le Rabbin Sofer raconte avoir demandé à son père décédé ce qu'on disait de son livre dans le monde céleste. Celui-ci lui répondit que "les grands sages et Rabbins étudiaient le livre Kaf Ha'Haïm". Son œuvre fut également approuvée par le célèbre Rabbi Yossef 'Haïm (le Ben Ich 'Haï).

L'œuvre majeure du Tsadik de Jérusalem

Outre le Kaf Ha'Haïm , il compose plusieurs autres ouvrages :

Kol Yaacov : sur les lois de la rédaction des Sifrei Torah, Tefillin et Mezouzot
Yagel Yaacov : recueil de drashot de Chabbat
Yismakh Israël : 'hiddoushim sur la paracha
'Haïm 'Ad HaOlam : sur l'aggada du Talmud.

Rav Yaacov 'Haïm Sofer fut l'un des géants de la halakha de sa génération, contemporain du Ben Ich 'Haï, du 'Hazon Ish, du rav Israël Meir HaCohen, dit le 'Hafets 'Haïm , de l'Or Saméa'h, Rabbin Meir Simcha ha-Kohen, et de l'Aroukh HaChoul'han, le Rav Ye'hiel Mi'hal Epstein. Il forme de très nombreux disciples, dont le Rav Yehouda Yehochoua 'Haïm Tzadqa, futur Roch Yéchiva de Porat Yossef.

L'héritage de Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer

Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer quitta ce monde un chabbat, le 9 Sivan 5699 (27 mai 1939), à l'âge de 69 ans, à l'hôpital Bikour 'Holim de Jérusalem, pendant l'heure de la prière de Min'ha, au moment propice de " Raava de Raavin " (l'heure de la volonté divine). Son assistant et gendre, Rabbi Yossef 'Haïm Mouallem, était présent à son chevet au moment de son décès et témoigna de cet événement solennel, décrivant une grande lumière irradiant le visage du saint. Ce même jour, le Richon LeTsion, le Rav Yaacov Meir de Salonique z”l mourut lui aussi.

Les funérailles eurent lieu le lendemain, dimanche 10 Sivan 5699, et des Rabbins importants de Jérusalem prononcèrent des éloges funèbres. Des milliers de personnes accompagnèrent le Rabbin Yaacov 'Haïm Sofer jusqu'à sa dernière demeure sur le Mont des Oliviers. Ses fils, Rav Moché Sofer et Rav Chalom Sofer, poursuivirent l'impression et la diffusion de ses ouvrages, notamment Kol Yaacov et Kaf Ha'Haïm , pendant près de soixante-dix ans, avec l'appui et la révision du Gaon Rav Ovadia Yossef z”l pour les éditions posthumes.

Quarante ans après sa disparition, son arrière-petit-fils, le Rav Yaacov 'Haïm Sofer (le jeune), fonda à Jérusalem la Yechiva « Kaf Ha'Haïm » (1979) et la Yéchiva « Torat Yaacov » (1992), ainsi que le séminaire féminin « Atéret Banot » (1998), perpétuant ainsi l'héritage de Torah et de mitsvot de son aïeul.

Rav Yaacov 'Haïm Sofer z"l demeure une figure tutélaire de la halakha séfarade, modèle d'érudition, de piété et d'humilité, dont les œuvres continuent d'éclairer et d'orienter le peuple juif dans le monde entier. Que son mérite nous bénisse et nous protège.

Décisions halakhiques du Rabbin Yaacov 'Haïm Sofer

Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer, dans son œuvre majeure le Kaf Ha'Haïm , s'est distingué par une approche unique mêlant rigueur juridique et profondeur kabbalistique. Ces décisions halakhiques renvoient l'originalité de Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer, possek enraciné dans la tradition séfarade, intransigeant sur la halakha , avec une approche mystique et spirituelle de la loi juive. Son travail est proche de celui de la Michna Beroura , mais enrichi de références constantes au Zohar, au Ari zal, et aux mekoubalim séfarades. Voici une sélection de ses décisions halakhiques et de son mode de travail.

Préférence pour les décisions du Ben Ich 'Haï

Le rabbin Sofer accorde une grande autorité au Ben Ich 'Haï, dont il fut l'élève. Il rapporte souvent ses décisions même lorsqu'elles sont en débat avec le Choul'han Aroukh ou d'autres poskim classiques. Il considère que les décisions du Ben Ich 'Haï sont valables lekhat'hila (par défaut) pour les communautés séfarades.

Intégration constante du Sod dans la halakha

Le Kaf Ha'Haïm intègre les enseignements du Ari zal et du Rachach même dans des domaines de halakha apparemment simples. Par exemple, il préconise des intentions kabbalistiques dans les bénédictions, les prières et les gestes du quotidien, comme le netilat yadaïm ou l'enfilage du talit .

Rigueur dans la cacheroute

Il se montre très strict sur les lois de cacheroute , en particulier dans le Yoré Déa , où il reprend les positions des poskim les plus exigeants. Il recommande de suivre les avis les plus sévères, même en cas de doutes ( safekot ) lorsqu'il s'agit d'interdits bibliques.

Importance des coutumes séfarades

Le Rabbin Sofer insiste sur la fidélité aux coutumes séfarades d'origine babylonienne. Il critique parfois les tendances à suivre les minhagim ashkénazes dans des contextes séfarades, surtout à Jérusalem, et défend la transmission fidèle des usages anciens.

Importance du tikoun 'hatsot

Sur le plan pratique, le Rabbin Sofer insiste sur l'importance des prières, et notamment celle du tikoun 'hatsot (réparation de minuit), selon la tradition kabbalistique. Il encourage ceux qui le peuvent à se lever pour pleurer la destruction du Temple et réciter le tikoun 'hatsot , même si cela n'est pas obligatoire selon la halakha .

Systématisation des sources

L'une des innovations de Rabbi Sofer est son effort pour systématiser les sources. Chaque sujet traité dans le Kaf Ha'Haïm est accompagné d'un large éventail de références — du Talmud à la Kabbale en passant par les A'haronim . Il compare plusieurs opinions avant de trancher, ce qui donne à son œuvre une valeur encyclopédique.

Safek déoraïta le'houmra

Dans les cas de doutes portant sur des interdits de la Torah, le Rabbin Sofer applique fermement le principe halakhique de précaution (le'houmra ) qui consiste à choisir la voie la plus rigide. Il est moins souple que certains de ses contemporains sur ce point, préférant la stricte observance à une pratique incomplète ou plus relâchée.

Halakha et éthique

Plusieurs passages du Kaf Ha'Haïm intègrent aussi des dimensions éthiques ( moussar ). Rabbi Yaacov 'Haïm Sofer ne sépare jamais totalement la loi de l'intention spirituelle, insistant pour que la halakha soit un chemin vers l'humilité, la crainte du Ciel, et la proximité de la Torah.

La sainte tombe du Tsadik à Jérusalem

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

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