ב"ה
Tsadikim

Rabbi Yéhouda Ben Attar : maître de la tradition rabbinique fassi, dans la lignée des sages du Maroc

Fez, la ville du Tsadik

Rabbi Yéhouda Ben Attar zatsal, l'un des grands Rabbanim du Maroc, naquit à Fès au mois d'Eloul 5415 (1655). Rabbi al-Kabbir (le grand maître), comme on l’appelait alors, était issu de la famille illustre des Ben Attar, (dont le nom signifie "marchand d'épices" en arabe). Il grandit dans le quartier juif de Fès el-Bali, au cœur de cette ville impériale qui abritait alors l'une des plus importantes communautés juives du Maghreb.

La famille Ben Attar comptait parmi les plus respectées du Maroc juif. Plusieurs membres de cette grande famille étaient devenus érudits, rabbins et ambassadeurs, comme Moché Ben Attar, qui fut envoyé par Moulay Ismail en Angleterre au XVIIIe siècle. De cette famille sortirent également d'autres grands Tsadikim comme Rabbi ‘Haïm Ben Attar (le Or HaHaïm), des Saints qui influencèrent profondément l'histoire du judaïsme marocain. Le Grand Rabbin Rabbi Yéhouda Ben Attar était reconnu dans toutes les contrées du Maghreb comme un saint homme d’exception et un faiseur de miracles, ayant eu le mérite de révélations d’Élie le prophète.

Rabbi Yéhouda Ben Attar bénéficia de l’enseignement de grands Maîtres en Torah, notamment Rabbi Vidal Sarfati et Rabbi Mena’hem Séréro, deux rabbins éminents de l'époque, qui lui transmirent une solide formation en Talmud et en Kabbale. Dès son plus jeune âge, ses aptitudes extraordinaires pour l'étude le désignèrent comme un ilouy (jeune prodige en Torah).

Rabbi Yéhouda Ben Attar, l’orfèvre de Fès

Rabbi Yéhouda devint orphelin après la mort prématurée de son père. À l'âge de 23 ans, il dut subvenir aux besoins de sa famille et travailla comme orfèvre. Il avait une clientèle juive et musulmane, et comme c’était un artisan habile et honnête, il acquit une grande renommée dans tout Fès. « On dit qu'à ce jour, certains résidents musulmans de Fès affirment avoir des bracelets faits par le Rabbin Benattar, ils les considèrent d’une valeur inestimable, et les utilisent même comme un talisman…»

Cette période difficile ne l'empêcha pas de poursuivre l’étude de la Torah avec assiduité à chaque instant de libre. Au contraire, l’épreuve ne faisant que renforcer sa détermination dans les mitsvot et sa foi en D. Son succès professionnel venait aussi de son intégrité parfaite, qualité qui allait caractériser tout son parcours. Les témoignages de l'époque rapportent qu'il refusait tout salaire pour ses fonctions rabbiniques, préférant gagner sa vie uniquement par son artisanat. Totalement désintéressé, il poursuivit longtemps son travail d'orfèvre pour subvenir aux besoins de sa famille, plutôt que de tirer profit de son statut auprès de la communauté. 

Bien que vénéré et respecté par les plus grands notables, Rabbi Ben Attar refusait obstinément tous les cadeaux et les dons. Il vivait dans une extrême simplicité. Même les riches marchands juifs et musulmans qui souhaitaient l’honorer avec des présents luxueux voyaient leur offre humblement, mais fermement déclinée.

Le Tsadik était aussi un orfèvre de renom

Rabbi Yéhouda Ben Attar, Dayan et Roch Yéchiva

En 1698, Rabbi Yéhouda Ben Attar devint Av Bet Din (président du tribunal rabbinique) dans sa ville natale, fonction qu'il occupa pendant 40 ans, servant également comme Roch Yéchiva de Fès. À cette époque, Fès était l’un des plus importants centres spirituels et halakhiques du judaïsme marocain. Son autorité halakhique et morale dépassait largement la ville. Il était consulté par les communautés juives de tout le Maroc, notamment Meknès, Tétouan, Marrakech et Salé.  Il était réputé pour l’équilibre parfait qu’il savait maintenir entre la rigueur de la loi et la miséricorde. Il intervenait souvent dans des cas de litiges civils, de divorce, de conflits commerciaux, et était connu pour protéger les veuves, les orphelins et les pauvres, comme l'exige la Torah.

Parmi les disciples les plus éminents de Rabbi Yéhouda Ben Attar figure Rabbi Yaakov Ibn Tsur (1673–1752), connu sous le nom de Chéribit Tsour. Formé pendant de longues années dans sa yéchiva à Fès, Rabbi Ibn Tsur témoigne à plusieurs reprises dans ses responsa du profond respect qu’il portait à son maître. Son œuvre majeure, Michpat Outsdaka BeYaakov, reflète fidèlement l’approche rigoureuse, éthique et spirituelle de Rabbi Ben Attar, qu’il cite abondamment. Par son intermédiaire, l’influence halakhique et morale du Tsadik s’est étendue à l’ensemble du Maghreb juif et jusqu’en Erets Israël.

Rabbi Yéhouda Ben Attar n’a laissé que très peu d’écrits personnels. Son influence nous parvient surtout par les écrits de ses disciples, en particulier Rabbi Yaakov Ibn Tsour, mais aussi Rabbi Vidal Tsarfati, Rabbi Chlomo Ohana et d’autres. On trouve aussi des responsa collectées dans des ouvrages communautaires, comme Kerem ‘Hemer ou Chaarei Tsedek. La tradition orale très vivace au sein des communautés juives marocaines, rapportent ses décisions, ses coutumes et les récits de sa vie.

Synagogue de Fez datant du 17e siècle

La foi de Rabbi Yéhouda Ben Attar

"On ne sauve pas son argent au prix de la profanation du Chabbat."
Sa foi inébranlable et son respect absolu du Chabbat avaient un pouvoir immense. On raconte qu’un vendredi après-midi, alors que les préparatifs du Chabbat touchaient à leur fin, un homme entra précipitamment chez Rabbi Yéhouda. Il était visiblement angoissé et portait avec lui un document officiel sur une transaction importante qu’il devait finaliser avec des autorités locales.

Le délai expirait ce jour-là, avant la tombée de la nuit. Sans cette signature, l’homme risquait de perdre une importante somme d’argent, voire ses terres. Il supplia le Rav : "Je ne vous demande qu’une signature, avant la tombée de la nuit ! Vous pouvez encore le faire, il reste du temps, ce n’est pas encore Chabbat !" Rabbi Ben Attar, calmement, le regarda et répondit : "Même si ce n’est pas encore l’entrée officielle du Chabbat, ce moment appartient déjà à la royauté du Saint Jour. Toute mon âme est déjà tournée vers l’accueil du Chabbat. Je ne puis signer ce document." Malgré les supplications, le Rav ne céda pas. L’homme partit déçu, persuadé d’avoir tout perdu.

Mais ce même soir, juste avant la tombée de la nuit, un messager arriva chez l’homme, porteur d’une nouvelle inattendue : le fonctionnaire responsable du dossier avait lui-même reporté la date limite de la signature à après Chabbat, pour des raisons administratives imprévues. L’homme comprit alors que le refus du Rav n’était pas une sévérité halakhique, mais une expression profonde de sa Emouna (foi) – et que cette foi avait suscité l’aide divine.

La sagesse de Rabbi Yéhouda Ben Attar

Rabbi Yéhouda Ben Attar fut un chef communautaire actif qui s'efforça d'élever le niveau spirituel de ses fidèles. Ses décisions halakhiques étaient respectées dans tout le Maghreb, et de nombreux rabbins venaient consulter ses avis sur des questions complexes. Il avait décrété plusieurs taqanot, et notamment appelé la communauté à « limiter les excès dans la célébration des événements », à faire preuve de plus de modestie et de discrétion : ce décret fut adopté par tous.

Rabbi Yéhouda Ben Attar rédigea un commentaire sur la Torah intitulé Minḥat Yéhoudah, mêlant enseignements midrachiques, réflexions éthiques et allusions kabbalistiques. En tant que kabbaliste accompli, Rabbi Yéhouda Ben Attar était reconnu pour sa maîtrise des secrets de la Torah. Il enseignait la Kabbale de Safed à un cercle restreint de disciples choisis, transmettant des connaissances qui se perpétuèrent dans les générations suivantes. Sa pratique mystique était empreinte d'une profonde humilité. 

Durant de nombreuses générations, les juifs de Fès restèrent attachés à son enseignement. Il prit d'importantes décisions visant à renforcer la vie spirituelle de sa communauté, établissant des ordonnances qui perdurèrent longtemps après sa mort.

Les miracles de Rabbi Yéhouda Ben Attar

Son biographe, le ‘Hida (Rabbi 'Haim Yossef David Azoulay), rapporte de nombreux miracles dans la vie du Saint. Il écrit : « Il était accoutumé aux miracles, et combien de merveilles mes oreilles ont entendues… J’ai entendu de la bouche des saints sages du Maghreb qu’il était un homme de Dieu, un Saint… Il fut jeté dans une fosse aux lions et en sortit indemne après y être resté un jour et une nuit. Ce fut un grand Kiddouch Hachem (sanctification du Nom divin). Tous juraient par lui, et celui qui jurait faussement mourrait. » Ces récits de miracles, transmis de génération en génération, témoignent de la sainteté exceptionnelle de ce Tsadik.

Le plus connu est sans conteste celui-ci : un jour, Rabbi Yéhouda Ben Attar fut mis en prison par les autorités qui exigèrent de la communauté juive, pour sa libération, une énorme rançon. À cette époque, c'était une pratique courante dans les communautés juives du Maghreb : les autorités locales emprisonnaient souvent les dirigeants juifs pour extorquer des fortunes aux communautés. Tels étaient alors les défis auxquels faisaient face les Rabbins, constamment exposés aux caprices des gouvernements antisémites et contraints de naviguer entre leurs responsabilités communautaires et les réalités politiques difficiles du Maroc du XVIIe siècle.

Mais tandis qu’il croupissait en prison, la communauté peinait à rassembler la somme exorbitante réclamée par le Sultan et le délai prévu s’écoula sans le paiement de la rançon. Rabbi Yéhouda fut alors jeté dans une fosse aux lions. Il y demeura vingt-quatre heures et en ressortit indemne. Cette épreuve extraordinaire devint l'un des récits les plus célèbres de sa vie. Les témoins de l'époque rapportent qu'il passa ces heures en prière et en méditation, et que les fauves, loin de l'attaquer, semblaient au contraire apaisés en sa présence. Ce miracle, rappelant celui de Daniel dans la fosse aux lions, impressionna même le sultan, qui ordonna sa libération et le combla d’honneurs.

Le ‘Hida écrivit dans son livre Chem haGdolim que Rabbi Yéhouda était "le Grand Rabbin sacré, chef du tribunal rabbinique de Fès" et qu'il "était formé aux miracles". Plusieurs témoignages rapportent que Rabbi Yéhouda Ben Attar avait le don de Roua'h HaKodech (inspiration divine). On raconte qu’il lisait dans les cœurs. Un homme qui souhaitait venir lui demander une bénédiction sans oser formuler sa requête entendit le Rav répondre à haute voix à la question qu’il n’avait pas encore posée. Bien d’autres histoires ont circulé sur la grandeur de Rabbi Yéhouda…

Les miracles qu'accomplissait le Tsadik

Le serment 

On rapporte à propos de Rabbi Yéhouda Ben Attar qu’à Tunis vivait un Juif associé en affaires avec un musulman. Leur entreprise prospérait au-delà de leurs attentes. Le Juif, plus à l’aise avec les chiffres, gérait la comptabilité, et son partenaire musulman, qui ne maîtrisait pas ce domaine, lui faisait une confiance totale. Pendant longtemps, le musulman ne réclama rien de ses parts, laissant les profits s’accumuler sans intervenir. Mais lorsque le moment vint pour lui de demander sa part, le Juif, profitant de l’absence de toute preuve écrite, alla jusqu’à nier catégoriquement l’existence même de leur partenariat. Le Musulman, profondément peiné et ne sachant comment faire valoir ses droits, tenta de le convaincre par tous les moyens.

Finalement, il exigea que le Juif jure de ses dires au nom du Tsadik Rabbi Yéhouda ben Attar, dont la sainteté était reconnue de tous. Le Juif, bien conscient de son mensonge, refusa catégoriquement de prêter serment en invoquant le nom du Tsadik. Ce refus éveilla chez le Musulman la certitude que le Juif lui mentait, et il comprit que la crainte révérencielle qu’inspirait Rabbi ben Attar pourrait être la clé pour faire éclater la vérité. Il insista donc avec force jusqu’à obtenir du Juif qu’il jure, au nom du Tsadik, qu’il ne lui devait rien. Acculé, le Juif céda et prononça le faux serment. Se croyant désormais libéré de toute obligation, il retourna chez lui plein de joie, allant jusqu’à organiser un grand festin en l’honneur de cette « délivrance ».

Mais pendant le repas, alors qu’il descendit à la cave chercher du vin, il laissa des bougies allumées et peu après, un incendie se déclencha malencontreusement. Les flammes dévorèrent le cellier, puis gagnèrent la maison entière, réduisant tous ses biens en cendres.  Témoin de cette tragédie, le musulman fut bouleversé. Reconnaissant la puissance spirituelle de Rabbi Yéhouda ben Attar, il entreprit un voyage jusqu’à Fès pour lui témoigner son respect et lui remettre des présents. Mais le Tsadik refusa catégoriquement tout don, comme à son habitude. Ne voulant pas repartir avec ses cadeaux, le musulman les distribua alors aux institutions d’étude de la Torah. Jusqu’à la fin de sa vie, il raconta à tous cette histoire, glorifiant le Tsadik et suscitant par son témoignage la sanctification du Nom divin.

Kever du Tsadik à Fez

La Hiloula et les ségoulot de Rabbi Yéhouda Ben Attar

Le Rabbin Ben Attar est décédé à Fès à l'âge de 77 ans. Sa Hiloula a traditionnellement lieu au mois de juin, le 19 Sivane, date de son décès en 1733 (5493). Les festivités se déroulent principalement au cimetière juif de Fès, où se trouve sa tombe, reconnaissable par une sculpture de lion, en référence au célèbre miracle.

C’est l’occasion pour tous de prier et de se recueillir en évoquant le nom du Tsadik. Rabbi Yéhouda Ben Attar est connu pour la ségoula particulière liée à son mérite, notamment pour la délivrance rapide et la protection contre les faux jugements. Prier en évoquant son nom est aussi particulièrement bénéfique pour les problèmes de justice, les personnes endettées.

Rabbi Yéhouda Ben Attar était un Tsadik dont la foi et la sagesse nous accompagne et nous guide. Puisse son mérite protéger tout le peuple d’Israël !

Dates de la Hiloula du Tsadik

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 


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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Yéhouda Ben Attar zatsal
 

2025 ► 15 juin

2026 ► 4 juin

2027 ► 24 juin

2028 ► 13 juin

 

 

 

 

 

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Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

 
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